Le lecteur suit les pas d’Ugwu, 13 ans, qui quitte sa brousse natale et devient boy d’un des personnages principaux. Sur son chemin il va croiser le destin de sœurs jumelles issues de la bourgeoisie nigérienne, que tout oppose.
 
Outre le fait d’apprendre et de comprendre un certain nombre de points sur l’histoire de ce drame, de saisir au mieux la culture africaine, ce livre est une fresque marquante, notamment grâce à l’empathie qui se crée autour des personnages. L’auteur a un talent pour décrire les sentiments, leurs conceptions du monde dans lequel ils vivent et permet au lecteur une identification complète. Il a l’impression de suivre les événements de l’intérieur, de les partager avec les personnages. Ce roman captive et bouleverse. Derrière le malheur, l’amour et l’espoir demeurent.
Les vestiges de l’aube de David S.Khara (10/18, 7,50 euros)
Barry Donovan, policier New Yorkais, vit sa vie sans joie depuis qu'un drame personnel a bouleversé son existence le 11 septembre 2001. Werner Von Lowinsky, vampire depuis la guerre de sécession, vit sa non-vie en solitaire. Pour combler leur solitude, Barry et Werner se rencontrent sur Internet (tchat) et c'est ainsi que leurs premiers échanges auront lieu, et par la suite, la confiance s'installant, leur rencontre physique. Sur fond de polar et de fantastique ce roman est surtout la rencontre de deux êtres que tout sépare. En effet, comment un humain peut devenir ami avec un vampire et vice versa ? Hors, l'un comme l'autre sont profondément marqués par la douleur que la vie leur a infligée.
 
Une histoire policière crédible et une construction romanesque plutôt sympathique. Facile à lire, ce livre est une curiosité. L’essentiel repose sur la relation entre deux personnages, Barry et Werner qui ont perdu des êtres chers pendant les attentats du 11 septembre ou la guerre de Sécession. L’enquête passe au second plan L’ensemble est assez adroit. Ce que regrette Solange, ce sont les super-pouvoirs de l’un des protagonistes capables de dépasser toutes les difficultés pour résoudre les meurtres de l’histoire. Agréable et plaisant si l’on accepte l’association du genre policier et fantastique.
La trace du sang de Peter May (Rouergue, 19,90 euros)
Troisième opus de sa série française. Alors qu'il vient de se découvrir atteint d'une forme de leucémie foudroyante, MacLeod, l'enquêteur hors pair, doit repartir en chasse d'un meurtrier sans visage qui menace sa famille. Son enquête va l'emporter des années en arrière dans un petit village espagnol où une famille britannique séjourne avec ses trois enfants.
 
Dans cette série qui se passe en France,  écrite en parallèle des romans écossais, Peter May, se montre moins habile et moins captivant. L’atmosphère envoûtante de la trilogie écossaise est absente et l’intrigue policière semble assez invraisemblable. Les nombreux rebondissements freinent le rythme, comme s’ils étaient là pour faire durer l’histoire et la série. Néanmoins, la lecture reste divertissante. Un polar honnête.
Cécile
 
Toute la lumière que nous ne pouvons voir d’Anthony Doerr (Albin Michel, 23,50 euros)
Magnifiquement écrit, captivant de bout en bout, il nous entraîne du Paris de l’Occupation à l’effervescence de la Libération, dans le sillage de deux héros dont la guerre va bouleverser l’existence : Marie-Laure, une jeune aveugle, réfugiée avec son père à Saint-Malo, et Werner, un orphelin, véritable génie des transmissions électromagnétiques, dont les talents sont exploités par la Wehrmacht pour briser la Résistance. En entrecroisant le destin de ces deux personnages, ennemis malgré eux, dans le décor crépusculaire d’une ville pilonnée par les bombes, Doerr offre un roman soigneusement documenté et une fresque d’une beauté envoûtante.
 
Empreinte de mystère, de délicatesse, de beauté et de sagesse, parfois cruelle et désespérée, l’histoire de Werner et Marie-Laure, malgré l’époque sombre de la guerre, irradie par-delà les bombes et les arrestations, les privations de liberté, la misère et l’horreur, la vie sous l’occupation, les conditions de survie au sein de l’armée allemande, la brutalité du front et livre une fresque historique passionnée, documentée et fouillée, subtile et vive où chaque sens s’éveille, délivre des impressions de réel saisissantes, pourtant presque imperceptibles d'ordinaire
 
Dans la brume du Darjeeling de Mikael Bergstrand (Gaïa, 24 euros)
Goran, Suédois divorcé, 50 ans, fan du club de foot de Malmö, voit la dépression le guetter. Toujours pas de nouvel amour, un boulot ennuyeux, angoissé par l'idée même d'une vie sociale. Mais il se soigne et la belle Karen, sa psy, lui apprend à dompter son anxiété. Göran attend avec impatience la date du mariage de son ami Yogi, un beau prétexte pour retourner en Inde. Une fois sur place, il se jette à corps perdu dans des aventures rocambolesques qui le mènent jusqu'aux plantations brumeuses du Darjeeling et dans l'Etat du Sikkim. Dépaysement assuré.
 
Un récit enlevé et coloré, dépaysant et gai, léger et pleinement divertissant, enrichi par une réelle connaissance de la société indienne et une véritable empathie pour ce pays,  situé à mille lieues des conditions de vie en Suède. Un narrateur capable d'autodérision, une distance appropriée pour garantir au lecteur une envie de voyage intense, une stimulation énergique de son imagination. Un livre haut en couleurs, drôle et bien vivant, sans autre intention que l'amusement et le plaisir. Et c'est gagné !
Compte-rendu du comité de lecture du mercredi 2 2015
 
Etaient présentes : Isabelle, Anne-Hélène, Solange, Clara, Suzanne, Sylvie, Pierrick, Patricia et Cécile.
 
La lecture commune : Le Turquetto de Metin Arditi (Babel, 8 euros)
 
Nota : les livres déjà présentés lors des précédents comités ne sont pas mentionnés.
Clara
 
Les salauds Gentilshommes, tome 1 de Scott Lynch (J’ai lu, 8,90 euros)
Dans la cité insulaire de Camorr, la vie d'un orphelin ne vaut pas cher. Doté d'un esprit vif et d'un don naturel pour la rapine, Locke Lamora a néanmoins réussi à éviter jusqu'ici la mort et l'esclavage, un luxe qu'il doit en partie au prêtre aveugle Chains. Ce dernier - qui n'est ni prêtre ni aveugle - forme à l'art du vol sous toutes ses formes une troupe de gamins des rues triés sur le volet, connus sous le nom de Salauds Gentilshommes. Sous sa tutelle, Locke va bientôt devenir la Ronce de Camorr, douloureuse épine dans le pied de la maréchaussée et hantise des notables de la ville...
 
Une saga de Fantasy, dans la lignée du Trône de fer, pas du tout poussée à l’extrême, plutôt destinée à un public adulte. Les personnages sont attachants mais attention, certains sont voués à une mort rapide. L’histoire se passe dans un pays imaginaire aux contours très réalistes, à une époque indéterminée avec de nombreux allers-retours entre le passé et le présent du personnage principal, orphelin. Riche en rebondissements, le livre se lit facilement et contient une certaine finesse psychologique. A ce jour, trois tomes parus et les fans attendent avec impatience le tome 4.
 
L’appel du coucou de J.K Rowling alias Robert Galbraith (livre de poche, 8,30 euros)
Lorsque le célèbre mannequin Lula Landry est trouvée morte, défenestrée, dans un quartier chic londonien, l’affaire est vite classée. Suicide. Jusqu’au jour où John Bristow, le frère de la victime, frappe à la porte du détective privé Cormoran Strike. Cet ex-lieutenant de l’armée, revenu d’Afghanistan amputé d’une jambe, est au bout du rouleau : sa carrière de détective est au point mort et sa vie privée, un naufrage. Aidé par une jeune intérimaire finaude, virtuose de l’Internet, il reprend l’enquête. De boîtes de nuit branchées en palaces pour rock stars, Strike va passer de l’autre côté du miroir glamour de la mode et du people pour plonger dans un gouffre de secrets, de trahisons, et de vengeances.
 
Ce livre policier prouve que J.K Rowling peut écrire autre chose qu’Harry Potter et confirme qu’elle est bien une écrivaine à part entière. Un style dynamique et très vivant, servi par de nombreux dialogues. Les personnages ont de la profondeur, le détective est brillant et l’intrigue réellement bluffante. Le lecteur se prend au jeu. Encore plus passionnant que son précédent roman adulte « Une place à prendre ».
Pierrick
 
L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie (Folio, 10,20 euros)
Lagos, années soixante. La ravissante Olanna est amoureuse d'Odenigbo, intellectuel engagé et idéaliste. Quant à sa soeur Kainene, sarcastique et secrète, elle noue une liaison avec Richard, journaliste britannique fasciné par la culture locale. Le tout sous le regard intrigué d'Ugwu, treize ans, qui a quitté la brousse pour devenir le boy d'Odenigbo. Le Biafra se proclame indépendant du Nigeria. Un demi-soleil jaune s'étale sur les drapeaux, symbole du pays et de l'avenir. Mais une longue guerre va éclater, qui fera plus d'un million de victimes. Récompensé par le prestigieux Orange Prize, L'autre moitié du soleil est un bouleversant chant d'amour, de mort et d'espoir.
 
Un livre qui se situe à la fin des années 60, au Biafra, pays aujourd’hui disparu dans le contexte dramatique d’une guerre qui causa la mort de plus d’un million de personnes en trois ans.
Isabelle
 
Temps glaciaires de Fred Vargas (Flammarion, 19,90 euros)
"Adamsberg attrapa son téléphone, écarta une pile de dossiers et posa les pieds sur sa table, s'inclinant dans son fauteuil. Il avait à peine fermé l'œil cette nuit, une de ses sœurs ayant contracté une pneumonie, dieu sait comment. La femme du 33 bis ? demanda-t-il. Veines ouvertes dans la baignoire ? Pourquoi tu m'emmerdes avec ça à 9 heures du matin, Bourlin ? D'après les rapports internes, il s'agit d'un suicide avéré. Tu as des doutes ? Adamsberg aimait bien le commissaire Bourlin. Grand mangeur grand fumeur grand buveur, en éruption perpétuelle, vivant à plein régime en rasant les gouffres, dur comme pierre et bouclé comme un jeune agneau, c'était un résistant à respecter, qui serait encore à son poste à cent ans. Le juge Vermillon, le nouveau magistrat zélé, est sur moi comme une tique, dit Bourlin. Tu sais ce que ça fait, les tiques ?".
 
Le dernier roman de Fred Vargas est agréable à lire. Le lecteur est heureux de retrouver Adamsberg et Danglard mais l’intrigue est tout de même trop délayée, ne reprend du tonus que par saccades et finalement l’auteure se renouvelle assez peu.
Sylvie
 
Collusion de Stuart Neville (Rivage poche, 8 euros)
En Irlande du Nord, malgré les ordres de ses supérieurs, le policier catholique Jack Lennon refuse d'arrêter ses recherches pour retrouver sa fille Ellen, 6 ans, et son ex-femme. Il trouve de l'aide auprès de l'ex-tueur de l'IRA Gerry Fegan.
 
Un bon polar,  très rythmé construit avec des chapitres extrêmement courts qui s’adaptent parfaitement au déroulement de l’intrigue. Une histoire qui se déroule dans une région où les stigmates des luttes entre loyalistes et catholiques sont encore très présents ; ce qui donne une dimension encore plus tragique au roman. Un regret, tout de même. Ce livre succède à un premier opus « Les fantômes de Belfast » qu’il est préférable de lire pour mieux apprécier encore ce roman.
 

Solange
 











































Dans la lumière de Barbara Kingsolver (Rivage poche, 10,50 euros)
Dans les Appalaches, au coeur de la forêt, Dellarobia Turnbow aperçoit une lumière aveuglante. La vallée semble en feu. Mais ces reflets rougeoyants n'ont rien à voir avec des flammes. Ce sont les ailes de centaines de milliers de papillons qui recouvrent le feuillage des arbres. Cette étrange apparition devient un enjeu collectif : la communauté religieuse de la ville y reconnaît un signe de Dieu, quand certains scientifiques invoquent une anomalie climatique. Toute l'Amérique se met à observer ce coin isolé, ancré dans les traditions rurales : Dellarobia comprend que de simples papillons vont bouleverser sa vie, et peut-être l'ordre du monde.
 
Voici un livre militant, engagé dans la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique mais son côté appuyé finit par agacer et ennuyer. 600 pages assez longues au final même si l’Amérique rurale attardée, soumise à la religion, la superstition, l’ignorance, l’appât du gain dans lequel évolue le personnage principal est finement décrite.
Se pourrait-il qu'un tableau célèbre - dont la signature présente une anomalie chromatique - soit l'unique œuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait "le Turquetto" (le petit Turc) ? Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d'un employé du marché aux esclaves s'exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d'emprunt, il fréquente les ateliers de Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une œuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d'art sacré byzantin. Il est au sommet de sa gloire lorsqu'une liaison le dévoile et l'amène à comparaître devant les tribunaux de Venise.
 
Cette lecture, proposée par Pierrick est un ravissement, une belle émotion. D’une écriture facile, le roman se lit aisément. Sorte de roman d’aventures très visuel, passionnant d’un point de vue historique notamment. L’immersion au cœur de la Renaissance italienne est un vrai plaisir. L’importance donnée au regard dans la peinture séduit immédiatement. Très accaparante cette lecture tient en haleine et offre un grand moment de divertissement. Coup de cœur pour tous, à l’exception d’Anne-Hélène peut-être.
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Sur les rayons des bibliothèques, je vis un monde surgir de l'horizon.
-Jack London -