"Les iris jaunes" par la lectrice
"Dans les murs" par la lectrice
Les iris jaune de Lionel Stoleru (Anne-Carrière)
 
Madame de Saint-Fulgent est veuve, avec deux enfants. Elle travaille comme lectrice dans une maison d'édition : les Éditions Delmont. Un jour, elle va consulter son médecin généraliste après avoir reçu un bouquet d'iris jaunes, accompagné d'un mot la remerciant pour la soirée de la veille. Or, ce soir-là, elle en est sûre, elle n'est pas sortie de chez elle. Au fil du temps, elle retourne régulièrement voir le praticien, car des incidents incompréhensibles surviennent dans sa vie. Consciente que quelque chose ne va pas, elle accepte que le médecin, avec le concours d'un psychiatre, se penche sur son cas. En réalité, Madame de Saint Fulgent ploie sous le fardeau de souvenirs qu'elle a refoulés dans son subconscient : le suicide de son mari après le naufrage de la maison d'édition qu'il dirigeait, le rôle épouvantable de son père pendant la guerre, sa mère, qui a étranglé sa sœur...
C'est le début d'une longue quête psychanalytique, qui va ramener à la conscience ce douloureux passé dont elle pensait s'être débarrassée. Un livre fortement inspiré de l'œuvre de Stefan Zweig, haletant jusqu'à la dernière page.
Un chômeur envoie un mail au quotidien local de sa région: « Je suis allé à Pôle emploi avec 5 litres d'essence pour me brûler, mais c'est fermé le 12 février 2013, alors ça sera demain le 13 ou le 14, car ce serait vraiment préférable au sein de Pôle emploi merci. » Le lendemain, l'homme tient parole.Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah ont voulu comprendre ce geste. Alors il leur a fallu tout imaginer.
Burn-out de Mehdi Meklat et de Badroudine Saïd Abdallah    (Seuil)
 
Ce livre reprend une actualité de février 2013, à savoir, qu’un chômeur,  s’est immolé par le feu devant une agence de pôle emploi à Nantes. Il avait envoyé deux mails à la presse locale pour prévenir de ce qu’il ferait.
 
Cette histoire avait fait écho dans la presse et avait marqué les esprits. Les auteurs veulent comprendre ce geste et imaginent, au travers des témoins, ce qu’a pu être la vie de cet Algérien, arrivé en France.
 
Pour Claudine, c’est un livre très militant  qui touche au chômage, à l’immigration, l’intégration, la peur de l’autre…..
 
Le dernier chapitre se termine par le premier chapitre, ce qui donne de la force au livre et qui dit aussi que de tels actes désespérés ne doivent pas être oubliés.
Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu'il s'adresse à lui-même lorsqu'il pense à telle circonstance où il s'est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif. Regrets ou remords toujours tardifs. "Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis."
Claudine
 
Le livre de ma mère d’Albert Cohen (folio)
 
Ce livre est un hommage d’amour d’un fils pour sa mère, d’une relation très fusionnelle entre l’auteur et sa mère.  C’est l’histoire d’une mère disparue qui n’a vécu que pour et par son fils.
Aujourd’hui ce fils pleure sa mère disparue et ne cesse de s’adresser des reproches, des regrets car il s’est parfois montré ingrat, indifférent et incompréhensif.
 
C’est un livre à caractère autobiographique et cet hommage à la mère disparue permet de « racheter » tous les manquements de l’auteur. Apparaît comme une rédemption.
Très beau livre, très tendre. Très belle écriture. Livre qui traverse le temps, à lire et relire.
 
Peu de livres ont connu un succès aussi constant que Le livre de ma mère. Ce livre bouleversant est l'évocation d'une femme à la fois "quotidienne" et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils.Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour.
Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde. Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'Italien, l'ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l'ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner. Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ? De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.
"Otage intime" par la lectrice
Ce livre est aussi un coup de cœur de Cécile.
 
Inspiré par un fait divers récent, le meurtre d'une enfant de huit ans par ses parents, La maladroite recompose par la fiction les monologues des témoins impuissants de son martyre, membres de la famille, enseignants, médecins, services sociaux, gendarmes? Un premier roman d'une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans ces tragédies de la maltraitance.
"La Maladroite" par la lectrice
Un autre avantage du roman c'est qu'au-delà de l'histoire en elle-même, nous replongeons dans notre passé universitaire et révisons nos cours de sémiologie du langage pour ceux qui comme Sylvie, ont fait des études littéraires. Voilà, ce livre fut pour elle une parenthèse totalement inattendue. En effet, au cours de cette lecture elle a été tour à tour amusée, intéressée, choquée et au final admirative et épatée par l'audace de l'auteur.
 
Le 25 février 1980, Roland Barthes est assassiné alors qu'il transportait un document sur la septième fonction du langage, une fonction qui permet de convaincre n'importe qui de n'importe quoi. Le commissaire Jacques Bayard et le sémiologue Simon Herzog enquêtent parmi la crème du milieu intellectuel français et découvrent l'existence d'une société secrète, le Logos Club.
Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.
Otages intimes de Jeanne Benameur (Actes Sud)
 
Solange a aimé l'association de l'intime et de l'universel, les beaux personnages dont on suit l'évolution, l'attention apportée aux personnages secondaires (qui ne le sont pas), les belles scènes qui leur sont consacrées, (la femme qui tente de sauver sa famille, qu'on retrouve à la fin, le vieil homme pour qui Etienne joue du piano), le regard sur l'enfance.
 
L’écriture de Jeanne Benameur est dense, précise, souvent poétique, très charnelle, elle sait dire la violence comme les gestes quotidiens.  Il y a des passages, des phrases sur lesquels on s'arrête tant ils nous semblent beaux et forts.
 
Un livre à lire et à relire, où tout ne se livre pas d'emblée.
 
Ce livre est aussi un coup de cœur de Nathalie et de Cécile.
Cécile
 
Dans les murs de Zineb Dryef (Don quichotte)
 
Des mois durant, Zineb Dryef a dû affronter sa « musophobie », une peur répandue chez nombre d’entre nous, et s’est mise en quête de ces rats tapis dans les murs de son appartement. Son livre, à la manière d’une investigation littéraire, nous mène des clameurs des ratodromes (où des chiens et parfois même des hommes combattaient à mort les rongeurs) aux coulisses de l’institut Pasteur, mais aussi sur les traces des chasseurs de rats, sous les pavés de la capitale et dans des dîners ultrachic où l’on déguste de la viande de rat. Un récit passionnant sur ces bêtes débarquées en Europe dans les années 1700 et qui, de la Grande Peste à Ratatouille, n’en finissent pas de construire leur légende.
Compte-rendu du comité de lecture du mercredi 18 novembre 2015
 
Etaient présentes : Solange, Nathalie, Claudine, Sylvie et Cécile.
 
Les lectures communes : Plonger de Christophe Ono-Dit-Biot (Folio) et Yeruldelgger d’Ian Manook (livre de poche)
 
Celles qui ont lu Plonger ont aimé avec enthousiasme le roman. Une lecture fluide, agréable, superbement écrite, qui emporte, dans laquelle on se laisse glisser avec plaisir.
Pour Nathalie, c'est l'un des plus beaux livres lus cette année. César écrit pour son fils Il essaie de dire Paz la femme qu'il a aimée, la mère qui n'a pu rester, qui est morte, noyée loin. C'est la rencontre entre un journaliste connu et re-connu et une toute jeune artiste photographe passionnée. Aimer avec ses peurs, ses empêchements, son intimité secrète.
C'est ne plus franchir les contours de l'Europe pour l'un et aller voir le monde pour l'autre.
C'est être à la biennale de Venise, baigner dans Le Milieu de l'Art et comment un enfant s'est imposé
C'est aimer les musées. C'est souffrir, créer, étouffer.
C'est photographier les plages et susciter des émotions contradictoires.
C'est être, se re-trouver dans un lieu improbable, dans un lieu hors du monde, sans nom entre terre et mer.
C'est adopter un requin et aller à sa rencontre.
C'est plonger sous la surface des choses.
 
Pour Yeruldelgger, tout le monde souligne le côté exotique et passionnant de l’intrigue qui se passe en Mongolie. Un moment d’évasion et de découverte intense, ponctué de scènes d’action captivantes. Peut-être, ça et là, des scènes de batailles un peu longues et répétitives mais l’ensemble est un divertissement à recommander sans hésiter. Par contre, inutile de lire le deuxième roman, calqué sur le 1er, la surprise en moins !
Pour Nathalie, c'est grand plaisir de retrouver les immenses espaces de steppes parcourus  lors d'un voyage en été 2010 . On est à Oulanbator mais aussi dans les steppes et les paysages plus boisés du nord. L'inspecteur Yerrudelgger depuis la mort de sa petite fille n'a de cesse que de retrouver  les coupables. Il y a Solongo, Oyun, Chulunm, Erdunbat, Saraa, ...Il y a la corruption, des mises en scène criminelles d'une effroyable cruauté, la haine de l'étranger, la pauvreté de la banlieue, les bidonvilles de yourtes, les traversées, les courses- poursuites  en 4/4 ou en quads, les forces chamaniques,... Le rythme est soutenu, le dépaysement garanti...
La 7ème fonction du langage de Laurent Binet (Grasset)
 
Ce livre a totalement scotché Sylvie ! Jamais rien lu de tel ! Quel culot ce Binet et aussi quel talent ! Comment définir cet OVNI littéraire ? C'est à la fois brillant, documenté, déjanté et  burlesque par moments.
Le point de départ de ce roman est la mort de Roland Barthes renversé par une camionnette en 1980 alors qu'il sortait d'un diner avec François Mitterand. Le commissaire Bayard un flic réac ayant une piètre opinion des milieux intellectuels et littéraires de l'époque va s'associer à un jeune doctorant en linguistique pour mener une enquête et retrouver l'assassin de Roland Barthes. Très vite une hypothèse se dégage : R Barthes a été assassiné car il avait découvert la septième fonction du langage, fonction qui permettrait à quiconque la maitrise, de dominer le monde par sa force de persuasion et son éloquence ! Ce document va naturellement être convoité par les milieux politiques et les intellectuels du moment , ce qui va entraîner nos deux improbables enquêteurs fictifs à côtoyer toute une faune de personnalités bien réelles comme Sollers , Derrida, Umberto Eco, Jack Lang, Fabius etc. Tous ces personnages apparaissent tour à tour comme des personnages de fictions qui vont vivre grâce ou à cause de l'imagination débridée de Binet des situations cocasses et totalement déjantées. Ce qui est troublant, c'est que même si ces situations semblent totalement invraisemblables, les personnages épinglés sonnent vrais …
Sylvie
 
La terre qui penche de Carole Martinez (Gallimard)
 
A sa grande surprise c'est avec beaucoup plus de facilité que pour ses deux précédents romans que Sylvie est entrée dans l'univers si particulier de Carole Martinez. Comme toujours nous sommes au moyen âge et détail assez étonnant sur les lieux mêmes  du « domaine des murmures » et de son héroïne  emmurée … Martinez comme de coutume  nous conte ici l'histoire d'un personnage féminin luttant pour acquérir un peu de liberté. Ici l'héroïne : la petite « Blanche » évolue dans un monde où les petites filles sont battues, mariées contre leur gré et gardées de préférence dans l'ignorance. Elle se bagarre pour apprendre à lire, à écrire, on sent sa colère, on traverse et on vit avec elle de multiples expériences. Tout cela dans un univers mi magique mi tragique, c'est étonnant cette histoire ou se mêlent le merveilleux, la sorcellerie et les faits historiques (peste, famine, bûchers …) Au final Sylvie a globalement apprécié ce roman à l'écriture si particulière  même si certains passages s'étiraient un peu trop en longueur à son goût. Elle avoue également avoir été un peu lassée par l'alternance des deux voix : celle de l'enfant et celle de « la vieille âme ».
Solange
 
La maladroite d’Alexandre Seurat (Rouergue)
 
C’est l’histoire d’une enfant morte à 8 ans, martyrisée par ses parents. Les personnes qui l’ont connue témoignent : grand-mère, enseignantes, services sociaux, médecins, tout le monde tente d’intervenir mais le manque de collaboration entre les différentes institutions condamne l’enfant. C’est un livre à la fois bouleversant et révoltant. L’auteur s’en tient aux faits, « n’en rajoute pas ». Le dernier témoignage, terrible est celui du frère de la petite Diane.
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Sur les rayons des bibliothèques, je vis un monde surgir de l'horizon.
-Jack London -