Sur les rayons des bibliothèques, je vis un monde surgir de l'horizon.-Jack London -

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VivantRoland FuentèsSyrosISBN :  9782748525328192  pagesParution : 11/01/2018













Le 16 janvier 2018








Roman de société à l’allure de thriller, le livre jeunesse de Roland Fuentès explore avec intérêt et originalité les relations adolescentes, la notion de groupe, la quête d’identité, la notion d’altérité, le dépassement de soi.
Il invite le jeune lecteur à porter un regard de tolérance sur l’étranger ou l’inconnu, à grandir hors de ce qui lui est familier et rassurant.  Pour s’enrichir, s’ouvrir, devenir adulte et rester digne.
Des chapitres extrêmement courts, des voix alternées, quelques flash-backs rythment l’histoire avec énergie et émotion et permettent une lecture continue. L’écriture simple, vive mais précise, entraîne à poursuivre sans relâche, s’adapte avec brio aux foulées des deux coureurs à pied et délivre des images de paysages méridionaux époustouflants et lumineux, enchanteurs, d’une puissance évocatrice réjouissante.
“Lorsque Elias est arrivé au gîte, ça nous a fait un drôle de coup […] C’était comme si un courant magnétique avait traversé l’air,une substance jusqu’alors inconnue sur terre.”
Huit étudiants très ordinaires, équilibrés et plutôt sérieux ont décidé de passer quelques jours de vacances ensemble dans les calanques près de Marseille. Logés dans un gîte au milieu des pins, ils ont prévu de réviser, de faire du sport et de s’amuser. Il y a là des étudiants en STAPS, en architecture, en géographie ; d’autres sont encore au lycée. Elias, l’ami de Lucas,  est le seul à ne pas être étudiant. Il est manœuvre en maçonnerie. Rapidement ce jeune homme atypique, extrêmement sympathique intrigue et séduit le reste du groupe sauf Mattéo, d’ordinaire leader charismatique du groupe, sportif de haut niveau et coureur à pied hors pair.
“Il est le grain de sable qui a tout déréglé.”
Mattéo a de plus en plus de mal à trouver sa place aux côtés d’Elias et progressivement la cohésion du groupe vacille, le sens collectif se délite. La relation entre les deux jeunes hommes entraîne des perturbations émotionnelles fortes chez chacun des protagonistes et les fait réagir, à tour de rôle, différemment mais intensément. Jusqu’où iront-ils dans la confrontation ?
Dépassement de soi, peur de l’autre, violence et haine, exploit sportif, plaisir de la course à pied, naissance du sentiment amoureux, besoin de reconnaissance, drame de l’exil, amitié, tolérance, autant de sujets dont l’intrigue se pare, en fonction des personnages.
A tour de rôle, en effet, chacun raconte, à travers ce qu’il est, à travers ce qu’il devient, cette semaine de vacances quasi-initiatique.
Mais ce qui  manque au roman pour qu’il soit absolument convaincant, c’est peut-être une plus grande diversité de tonalité entre les voix narratives, qui parfois, se ressemblent et peuvent se confondre. Enfin, la problématique des réfugiés, pourtant annoncée comme sujet principal du roman, reste ténue. Bien affirmée dans les dernières pages mais de manière trop concentrée, elle aurait pu être abordée davantage en continu et se fondre alors de manière plus fluide avec l’histoire.
Il n’empêche, c’est une lecture délicate à transmettre.
“De tout mon cœur, je t’accueille. Et je ne t’accueille pas par pitié. Je t’accueille parce que ta vie rend la mienne plus vivante.”


Cécile PELLERIN

Cette chronique a été précédemment publiée sur le site ActuaLitte.comhttps://www.actualitte.com/article/livres/vivant-l-etranger-de-roland-fuentes/86999